12/06/2025

Saint-Goustan à Auray : Un Port, Mille Histoires et Une Vie à Découvrir

Sous le pavé, la singularité : comment aborder Saint-Goustan ?

Saint-Goustan. Ce nom claque doucement au creux de l’oreille, rappelle un port miniature, lové au fond de la rivière d’Auray. Ici, rien d’un décor figé ou d’un musée à ciel ouvert. C’est un quartier vivant, tissé patiemment par l’histoire et nourri chaque jour par la vie locale. Parcourir Saint-Goustan, c’est frotter son imaginaire à la vraie Bretagne du sud, là où la pierre mousse, où les bateaux tanguent entre deux marées, où les conversations glissent sur les terrasses.

On y vient – et parfois on y revient toujours – pour son ambiance hors du temps, la force tranquille du port, l’entrelacs de ruelles escarpées, les odeurs de galette et l’accueil des cafés. Pourtant, tous ceux qui connaissent Saint-Goustan vous le diront : c’est un charme qui ne se réduit pas à une liste. C’est une atmosphère, une façon de vivre, une curiosité sans grands mots ni tapage.

Un port ancien, vivant et toujours surprenant

Une histoire qui ne se confond pas avec les légendes

C’est autour de 1640 que le port prend son essor, profitant de la position stratégique de la rivière d’Auray, accessible à marée montante, abritée du large. Le nom du quartier vient de Goustan, compagnon de saint Gildas et patron des marins. Jusqu’au XIXe siècle, la rade grouille : navires de bois, goélettes, barques de pêche croisent sur l’eau, débarquant vin, sel, céréales, bois ou poisson (source : Service Patrimoine Auray Ville d’Art et d’Histoire).

Les quais pavés et les cales témoignent encore de cette époque. En 1776, c’est là que Benjamin Franklin débarque en Bretagne – un fait qui noue Saint-Goustan à l’histoire de l’indépendance américaine. Aujourd’hui, on trouve une place à son nom, rappel discret de cette escale insolite aux portes de l’Histoire.

Le port aurait pu sombrer dans l’oubli après la construction du pont du Loch, mais la vie s’est relocalisée : les armateurs sont partis, mais les pêcheurs, artisans et commerçants ont repris le flambeau. Résultat : ce ne sont pas des façades reconstituées, c’est un quartier qui a traversé les siècles.

Au fil des ruelles : points de repère et passages secrets

  • Le Pont de Saint-Goustan : Ce pont de pierre à quatre arches (construit entre le XIIIe et le XVe siècle) relie la « Ville Haute » d’Auray et Saint-Goustan. C’est le meilleur point de vue sur le port, ses maisonnettes en colombages, et la valse des bateaux traditionnels.
  • La Place Saint-Sauveur : Cernée de cafés aux enseignes vieillies, la place conserve le cœur battant du port. L’été, on grignote en terrasse ; hors saison, on croise des riverains, quelques pêcheurs avec leur godaille.
  • Ruelles et escaliers : Saint-Goustan, c’est aussi un enchevêtrement de passages pavés, souvent pentus, bordés de maisons à pans de bois et d’antiques venelles. Deux chemins à explorer : la rue du Château et la rue du Four. Chacune offre des vues différentes sur la ria, sur Auray ou sur les anciens remparts.
  • La venelle du Loch : Un secret pour les lève-tôt ou les amateurs de lumières rasantes : cette ruelle serpente entre greniers, petites maisons et jardins suspendus, dévoilant Auray d’un autre angle.

Marcher ici, c’est mettre tous les sens en alerte. Le sel, la pierre, la lumière qui change à chaque heure, les éclats de voix bretonnes, les volets colorés… Ces détails ordinaires font toute l’âme du lieu.

Des artisans, des ateliers et un art de vivre

Le caractère de Saint-Goustan, c’est aussi sa vitalité artisanale. Contrairement à d’autres ports reconvertis en galeries impersonnelles, ici le travail de la main, l’inventivité et les pratiques locales tiennent bon. Un rapide inventaire, non exhaustif, des adresses et savoir-faire qui jalonnent les rues :

  • Une biscuiterie installée dans un ancien entrepôt (Biscuiterie d’Auray), où l’on peut humer les parfums de kouign-amann et de palets tout chauds
  • Des ateliers de céramistes, de tourneurs sur bois, et une librairie indépendante qui fait la place belle aux illustrateurs du cru.
  • Des galeries qui valorisent l’aquarelle, la gravure ou la photographie marine – pas de reproductions impersonnelles mais des créations très ancrées dans le territoire du golfe du Morbihan.

Et bien entendu, les petits marchés occasionnels : le jeudi en saison, on échange avec les exposants de fruits de mer, poissons et légumes bios, souvent venus des exploitations alentour (ex : Auray.fr).

Cafés, terrasses et douceurs : la convivialité simple

C'est une constante ici : sur les quais s’ouvrent des cafés aux noms sans fard – L’Armoric, Le Marysol, Le Franklin. Ces établissements sont loin du stéréotype du bar à touristes. Certains accueillent des musiciens en soirée, d’autres servent de repaire aux amateurs de jeux de cartes l’hiver. On y trouve :

  • Des crêpes au froment ou au blé noir faites minute
  • Des glaces fabriquées localement (en saison, les sorbets du Cornet D’Amour attirent les familles, source : Le Télégramme juin 2023)
  • Des plats de poisson ou fruits de mer à prix souvent plus raisonnables qu’au bord du golfe

La force du lieu, c’est le mélange : locaux, familles d’un jour, marins en escale, jeunes installés pour la saison… L’été, la foule augmente mais le matin ou en automne, Saint-Goustan redevient un village, avec ses habitués et ses soupirs tranquilles devant la ria.

Fêtes, traditions et vie culturelle

Saint-Goustan, c’est aussi le rendez-vous des amoureux des festivités authentiques. Plusieurs événements rythment le port :

  • La Fête du Port de Saint-Goustan : chaque été, une journée de joutes nautiques, concerts, danses bretonnes, marché de métiers d’art. Les « vieux gréements » y paradent à nouveau sur la rivière d’Auray, une façon de renouer avec le passé maritime du port (source : Ouest-France, 2022).
  • Les Grandes Marées et l’arrivée des poissons : au printemps et à l’automne, on vient admirer les variations du niveau d’eau, quand le port se remplit à ras bord puis découvre les vasières. C’est le moment où quelques pêcheurs locaux vendent encore directement leur godaille sur le quai.
  • Festival pluridisciplinaire en septembre : expositions, concerts dans les chapelles, balades contées. Une fenêtre sur la création d’aujourd’hui, mais à l’échelle d’un village.

Balades du matin, lumières du soir : une expérience sensorielle

Ce qui distingue vraiment Saint-Goustan, c’est la façon dont on y ressent le temps. Tout est affaire d’atmosphères, de lumière, et de saison.

  • Petit matin : Les quais sont lustrés de bruine, le clapotis du port résonne entre les pierres. Les premières odeurs de café s’échappent des fenêtres. Idéal pour faire le tour du vieux pont et goûter à la solitude du port.
  • En journée : Les couleurs vibrent – aquarelle sur la façade du Four du Locmaria, terrasses qui bruissent, senteurs mêlées oscillant entre sel, sucre et copeaux de bois.
  • Lumière du soir : À la tombée du jour, la ria se teinte de cuivre, les bateaux semblent suspendus. On vient saisir ce moment, assis sur un muret ou à la table du Franklin, pour un verre et quelques histoires glanées auprès des gens du cru.

Nombreux sont les photographes amateurs comme chevronnés qui viennent traquer la lumière ici : selon l’heure, le vieux pont, la Place Saint-Sauveur et les quais offrent des contrastes dignes d’une Côte d’Émeraude à taille humaine.

Saint-Goustan : un endroit à préserver

La force de Saint-Goustan, c’est de rester un quartier à taille humaine. Auray compte près de 14 500 habitants (Insee, 2021), mais Saint-Goustan semble en dehors du temps, à l’écart du tumulte sans jamais virer village fantôme. L'essentiel, ici, tient à l’équilibre : conserver la vie locale, éviter l’uniformisation, encourager l’accueil sans céder à la surfréquentation.

C’est pourquoi la commune surveille de près les projets immobiliers et le rythme des ouvertures de commerces saisonniers, pour garantir une place aux artisans et habitants à l’année (Auray Ville d’Art et d’Histoire). Les visiteurs sont les bienvenus, mais la découverte se fait à pas lents, en respectant l’esprit du lieu et ses habitants.

Quelques conseils pratiques pour découvrir Saint-Goustan autrement

  • Venir hors saison, si possible : la météo bretonne réserve de belles surprises, et l’ambiance y est encore plus sincère.
  • Prendre le temps d’observer, de discuter avec les commerçants ou habitants, d’explorer les venelles – c’est souvent là qu’on devine la vraie vie du village.
  • Tester plusieurs adresses : les crêperies rivalisent d’inventivité (La Licorne, au fond de la place Saint-Sauveur, propose une farine bio moulue à Baden ; source : France Bleu Armorique, 2022). Chaque café a son histoire, chaque terrasse sa vue.
  • Se renseigner sur les animations sur le site de la mairie (auray.fr), pour saisir l’occasion d’un concert improvisé ou d’une visite commentée.

Pour finir : de Saint-Goustan à l’ailleurs, à sa guise

Découvrir Saint-Goustan, c’est apprendre qu’il y a mille manières d’habiter un lieu : en passant, en flânant, parfois en s’y attardant une vie entière. La singularité du port, on la retrouve dans l’authenticité du quotidien, la pluralité des rencontres, la respiration du village au fil des saisons. Ce n’est pas un joyau sous cloche : c’est un morceau vivant de Bretagne, à apprécier, à comprendre et à respecter.

Ici, aucun folklore plaqué, mais la persistance d’un art de vivre. De quoi donner à chaque retour un parfum de première fois.

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