10/10/2025

Ports et cales du Morbihan : explorer l’âme des rivages bretons

Comprendre la mosaïque : notions et diversité des ports et cales morbihannaises

Le Morbihan compte plus de 900 km de côtes si l’on additionne son chapelet d’îles, rivières, rias, et les détours sinueux de ses presqu’îles (France 3 Bretagne). Ici, la frontière entre port, cale, ponton, petit havre de pêche, ou abri à bateaux se trouble. Entre le port d’écluse de la Vilaine, le bassin d’Auray à Saint-Goustan, la cale de Pen Mané à Locmiquélic, ou les jetées de l’île d’Arz, la palette est large et raconte tout le tissu de la vie littorale. La diversité tient autant du relief (rues escarpées, vasières, falaises, marées importantes) que des usages : pêche, ostréiculture, plaisance, transport, regards, échanges.

Top 7 des ports et cales emblématiques à vivre vraiment

1. Port de Saint-Goustan (Auray) : le roman vivant

Un port dans ses habits du XVIIIe siècle, torsadé autour de son vieux pont de pierre, les pavés baignés de lumière rase et de brume de rivière. Saint-Goustan reçut Benjamin Franklin en 1776, pas moins, venu chercher des alliances pour la guerre d’indépendance américaine. Aujourd’hui, on descend la rampe, on flâne parmi les voiliers traditionnels (pas que pour la parade), on trouve à la fois des barques, quelques vieux gréements restaurés par passion, et une petite scène culturelle. La vie bat fort lors du marché du lundi ou au soir d’une crêpe salée sur le quai, au parfum persistant de l’estuaire.

  • Accès facile depuis Auray (gare TGV à 15 min à pied)
  • Événements : Fête du Port en juin, embarquement pour Île-aux-Moines l’été

2. Port du Logeo (Sarzeau) : l’authenticité du Golfe

Ici, sur la presqu’île de Rhuys, le Logeo ne se dévoile qu’aux initiés : il faut descendre par de petites routes, suivre l’odeur de goémon et la lumière qui glisse sur les casiers. Port ostréicole avant tout, il trace une frontière vivante entre terres agricoles et larchands d’huîtres. On y croise peu de touristes ; l’activité, c’est d’embarquer dans une barque d’ostréiculteur, acheter des huîtres à la source, ou tout simplement, regarder partir les derniers doris sur le Golfe. Le Logeo est le point de départ de quelques-unes des plus belles marches vers les marais et criques de Rhuys.

  • Pavillon bleu pour la qualité de l’eau
  • Vente directe chez plusieurs producteurs ostréicoles
  • Balades : sentier côtier GR34 accessible depuis le port

3. Cale de Pen-Mané (Locmiquélic) : le goût de banlieue marine

Face à Lorient, Pen-Mané vit à contre-courant. Cale, ponton, embarcadère : tout y est, pour les navettes vers l’autre rive, les promeneurs, les pêcheurs du dimanche, ou les plages-planches d’huîtres. Le soir, le soleil allume la rade d’un or cuivré et les silos de Lorient luisent d’une étrange poésie. La cale, ici, c’est la vie collective : on se salue, les enfants courent, on descend les embarcations sur les sangles, on pêche parfois la palourde ou la crevette avec un vieux seau.

  • Liaison bateau avec Lorient centre (15 min)
  • Zone où sentir la diversité sociale de la rade
  • Marché le samedi matin sur la place voisine

4. Port de Sauzon (Belle-Île-en-Mer) : la couleur des îles

Sauzon, c’est un port posé sur une île, mais pas n’importe laquelle : Belle-Île-en-Mer, la plus vaste des îles bretonnes (85 km², selon belle-ile.com). Le quai aligné de maisons pastel, les cafés qui se réveillent au matin, le balai des bateaux saisonniers : ici, on sent pleinement la coupure du continent. Hors-saison, le bruit résonne, et les discussions ne tournent pas autour des nouveautés touristiques, mais bien du vent qui change ou de la pêche au bar dans les roches voisines.

  • Accès ferry depuis Quiberon (45 min, réservé l’été à l’avance)
  • Crêperies et poissonneries de bord du quai
  • Départ de balades maritimes et à pied vers la pointe des Poulains

5. Port de la Trinité-sur-Mer : à l’ombre des grands

Port mythique, carrefour de la course au large avec plus de 1200 anneaux. Mais au-delà des mâts à perte de vue, des bars à voileux et des voiliers de légende, la Trinité vit sur plusieurs niveaux : au petit matin, ce sont les mareyeurs qui chargent le poisson, les ostréiculteurs qui réparent les plates, et les locaux qui reprennent le quai pour conserver un peu de ce qui fut un port de pêche. L’endroit est idéal pour sentir la tension entre modernité (régates internationales, Spi Ouest-France) et ancrage traditionnel.

  • Premier port de plaisance du Morbihan (chiffres : port-la-trinite-sur-mer.fr)
  • À voir : la halle aux poissons (ouverte tôt le matin)
  • Départ du sentier côtier vers Carnac, panorama sur la baie de Quiberon

6. Cale de Pen-er-Men (Île-aux-Moines) : le chemin secret vers l’île-jardin

Beaucoup débarquent à l’embarcadère du bourg, mais à Pen-er-Men, la cale déserte cache un coin de l’Île-aux-Moines préservé de la foule, où le granit plonge abrupt dans le Golfe et où les pêcheurs viennent, au petit matin, relever leur filet. En haut, une supérette, un vieux banc, la vie qui ralentit.

  • Accès : petite navette depuis Larmor-Baden, peu connue
  • Cale typique pour observer la marée et le lever de brume
  • Dessert les sentiers nord de l’île, loin des flux principaux

7. Port de Portivy (Quiberon, Saint-Pierre-Quiberon) : la fin de la terre, en miniature

Au bout de la presqu’île de Quiberon, Portivy a gardé une dimension à taille humaine quand Port-Haliguen est devenu un port de plaisance à grande échelle. Portivy est un croissant de sable, un bout de jetée, quelques chalutiers, et, surtout, le coucher de soleil inoubliable mais jamais le même, été comme hiver. Beaucoup viennent ici pour la pêche à pied avant la renverse, ou l’apéro au Café de la Plage face au large.

  • Lieu d’observation du « mascaret » lors des grandes marées
  • Départ pour les tours de la côte sauvage, circuit à pied jusqu’à Port Blanc
  • Marché de fruits de mer tous les jours en été

Autres lieux à explorer à sa façon : inventaire à la volée

  • Port Navalo (Arzon) : dernière escale avant le large, point de vue sur la sortie du Golfe.
  • Cale de Kerisper (Bono) : pont suspendu, ostréiculture et grève discrète, ambiance d’autrefois.
  • Le port de Doëlan (guidel, limite Morbihan/Finistère) : phare jumelé rouge et vert, pêche et calme.
  • Cale de Saint-Cado (Belz) : carte postale, certes, mais au petit matin ou sous la bruine, l’îlot respire l’authenticité.
  • Port Anna (Séné) : dernier port traditionnel du golfe, maintenu par une poignée d’irréductibles, un bar de quartier légendaire et le ballet des sinagos (voiles rouges traditionnelles).

Faits et chiffres pour sortir du flou

  • Le Morbihan compte 178 ports et cales officiellement référencés (source : Conseil départemental du Morbihan, 2023).
  • Plus de 25 villages ou quartiers ont conservé un port ou une cale d’accès public souvent restaurés par les communes, parfois par des associations patrimoniales.
  • La marée module tout : amplitude de 4 à 6 mètres selon les pointes du Golfe aux hauts de la côte sauvage.
  • En 2022, 1,4 million de passagers ont transité via les ports du Morbihan pour les îles et presqu’îles (source : Observatoire régional des transports, Région Bretagne).

Moments à privilégier

  • Début du printemps ou fin d’été, à l’heure où presque tous les ports retrouvent leur rythme, loin des marées humaines.
  • Marée basse pour les secrets des grèves, marée haute pour la mise à l’eau du folklore ordinaire.
  • Les soirs de fêtes locales : bal en plein air, concours de palets, concerts improvisés ou retour de pêche collectif – ici, la convivialité ne s’affiche jamais, elle se vit.

Pour aller plus loin

Impossible de saisir le Morbihan littoral sans la patience et la lenteur. Un port ou une cale, ce n’est pas seulement des bateaux, mais toute une circulation d’usages, de gestes et de récits. Osez vous perdre dans les moindres ports secondaires, discutez sur les quais, goûtez une huître sur le pouce ou un café reconstitué au fond d’une cabane à outils. C’est là que le Morbihan s’invente et se transmet.

Pour plonger plus loin, on peut consulter le site du département du Morbihan sur les ports, ou le guide « Ports et cales de Bretagne » édité chaque année par les éditions du Chasse-Marée.

En savoir plus à ce sujet :