27/06/2025

Derrière les dunes : villages secrets et chemins de traverse en Morbihan

1. Monteneuf : entre landes et menhirs ignorés

Peu de cartes postales pour Monteneuf, mais des hectares de landes et plus de 420 pierres levées, moins célèbres que Carnac, mais tout aussi mystérieuses. Au cœur du pays de Guer, le village partage ses secrets au gré d’un sentier d’interprétation taillé dans la bruyère, serpentant autour des Pierres Droites. Ici, le visiteur curieux croise chercheurs, enfants du village et naturalistes du dimanche, venus écouter le pinson ou comprendre le geste immuable du polisseur de silex.

  • Découverte interactive sur le site néolithique, ateliers de taille de silex ou de poterie toute l’année, initiation animée par des archéologues locaux.
  • 800 hectares de forêt domaniale, labellisée Natura 2000, proposent plus de 25 km de sentiers pédestres et VTT (source : Office de tourisme de Guer).
  • Refuge LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) : plus de 120 espèces, dont l’engoulevent d’Europe.

Au cœur du bourg, l’auberge cultive l’approvisionnement local, et les soirs de marchés d’été, les producteurs étalent galettes et cidres, sans micro mais avec la gouaille.

2. Lizio : l’imaginaire en partage

Qu’on vienne pour sa fête du fer ou par hasard en longeant les ruisseaux du Val d’Oust, Lizio charme d’emblée. Le village a fait de la créativité sa signature, porté par une poignée d’artisans (forgerons, souffleurs de verre, potiers) réunis dans la Ruelle des métiers d’art.

  • 407 habitants recensés (INSEE, 2021), tous ou presque mobilisés sur les événements de la commune
  • Kermesses, expositions saisonnières, jardin botanique accessible gratuitement - et plus de 90 espèces de pommiers au conservatoire communal (source : Mairie de Lizio)
  • Le Poète Ferrailleur, un musée à ciel ouvert où machines et sculptures s’animent de façon poétique

Manger une part de far aux pruneaux sur la place, ou discuter poêles à bois au café associatif, c’est goûter à l’esprit frondeur d’un village qui préfère la création à la mise en vitrine.

3. Le Faouët : chapelles et secrets de halles

Le Faouët mérite qu’on sorte des axes classiques vers Lorient. Ici, ce ne sont pas les alignements mégalithiques qui frappent, mais la lumière sur les ardoises du marché couvert du XVIᵉ siècle et la solitude de la chapelle Sainte-Barbe, suspendue sur son ravin.

  • 1400 habitants, un bourg actif toute l’année avec deux halles, jumelles du marché de Malestroit mais bien moins fréquentées
  • Chapelle Sainte-Barbe et chapelle Saint-Fiacre, toutes deux classées Monuments Historiques, fresques polychromes du début du XVIᵉ conservées in situ (source : Ministère de la Culture)
  • Musée du Faouët, haut lieu de la peinture bretonne des XIXᵉ-XXᵉ

Rendez-vous le premier samedi de chaque mois pour le marché sous les halles, après la visite aérienne de la chapelle, où résonne encore la légende de la pierre du diable – histoire qui fascine petits et grands depuis cinq siècles (commune du Faouët).

4. Saint-Gildas-de-Rhuys : la presqu’île côté discret

Beaucoup connaissent la presqu’île de Rhuys pour son château médiéval de Suscinio, son ambiance estivale et ses grandes plages. Mais Saint-Gildas elle-même, tapie autour de son abbaye, frémit d’une vie paisible hors saison.

  • Abbaye fondée dès le VIᵉ siècle par un exilé d’outre-Manche, un lieu de pèlerinage méconnu hors des cercles d’irréductibles marcheurs (source : Brittany Ferries)
  • Marché de producteurs tous les dimanches matin, transhumance de cochons noirs de la presqu’île au printemps
  • Point de départ du sentier GR34 : possibilité de traverser à pied la lande de Kerver pour observer les retours de pêche à 7h du matin (accès directe à la criée, public toléré par les pêcheurs... tant qu’on ne gêne pas)

À la terrasse du café du Port, on croise les derniers charpentiers de marine du coin, restés fidèles aux moulures du bois brut. Leur accent sent encore le goémon et les tempêtes.

5. La Roche-Bernard : bastide singulière, au détour de la Vilaine

Cette “Petite Cité de Caractère” ne figure pas toujours sur la liste des haltes essentielles, tant elle paraît enclavée au sud-est du département. Pourtant, elle est le trait d’union discret entre Bretagne et pays de Loire. Ici, la Vilaine s’élargit soudain, et le village s’agrippe à son roc, ses venelles dévalant vers le port.

  • Fondée au Xᵉ siècle par un chef viking, Bern-Hart, dont le nom demeure (source : Association Patrimoine La Roche-Bernard)
  • Moins de 700 habitants, mais une trentaine d’ateliers d’artisans – graveurs, relieurs, sculpteurs, chaisiers
  • Musée de la Vilaine Maritime, qui expose la navigation locale du Moyen Âge à nos jours
  • Point d’observation unique sur le barrage d’Arzal, témoin de l’aménagement du fleuve

Le jeudi matin, le marché prend d’assaut la ville haute, farci de tuteurs de tomates faits main, de véritables beurre-crus et de “pommes rebondies” (un petit fruit rare du terroir local).

6. Le Gorvello : l’âme rurale à deux pas de Vannes

Coincé entre Theix et Sulniac, Le Gorvello n’a ni éclats médiévaux ni vues plongeantes sur l’Atlantique mais un charme rural sans fard. Ce hameau calé autour de son lavoir, de sa fontaine et de ses petites maisons à arcades de granit a gardé l’esthétique d’un lieu figé par le temps.

  • Moins de 200 habitants permanents, dont une poignée de boulangers-pâtissiers réputés jusqu’à Vannes
  • Église Saint-Jean-Baptiste (classée Monument Historique), rare exemple de “croix de carrefour” à cinq branches à proximité
  • Production artisanale de cidre, à la cidrerie Nicol, visites toute l’année (www.cidrenicol.fr)
  • Petite guinguette d’été, fréquentée par les voisins autant que par les curieux de passage

Nulle enseigne clinquante, ni chichi de communication : ici, on vous sert un far à l’ancienne au goûter, sur les tables de la terrasse, pour le prix d’une poignée de menues pièces.

7. Quistinic : la mémoire paysanne vivante

On s’y rend pour le village de Poul-Fétan, reconstitution d’une ferme du XIXᵉ gérée par les habitants du cru, mais Quistinic ne s’arrête pas à cette parenthèse patrimoniale. À l’écart des grands axes, le bourg vit au gré d’une campagne où chaque saison offre son lot d’activités.

  • Reconstitution vivante de la vie rurale bretonne à Poul-Fétan, ateliers laine et cuisine au feu de bois (plus de 20.000 visiteurs par an - source : Poul-Fétan)
  • Fête du cidre en octobre, où les enfants pressent eux-mêmes les fruits récoltés dans les vergers communaux
  • 15 km de sentiers balisés dans la vallée du Blavet, halte ornithologique au bord de l’étang du Petit Bois

En fin de journée, après la visite du hameau, il est tentant de se laisser happer par la douceur du Blavet, où l’on croise pêcheurs de sandres et kayakistes du dimanche, dans une harmonie qu’on n’oserait troubler.

L’autre Morbihan : expériences en marge et conseils concrets

Ces villages ne se ressemblent pas, mais partagent une évidence : ici, l’accueil n’est jamais manufacturé. Quelques repères pour une découverte respectueuse :

  • Privilégier les marchés hebdomadaires et rencontres artisanales aux grandes manifestations touristiques : l’ambiance y est authentique, les échanges plus vrais.
  • Consulter les offices de tourisme intercommunaux, souvent porteurs de brochures locales rédigées par les habitants (réseau Petites Cités de Caractère).
  • Randonner à l’aube ou en soirée, la lumière révélant alors des reliefs invisibles en plein jour.
  • Oser engager la conversation au café du coin, quitte à demander une recette – ou l’histoire derrière le nom d’un champ.

La discrétion de ces villages force le respect, mais laisse toujours la place à la rencontre : entre un vendeur de pommes pressées, une brodeuse au détour d’un atelier ou un promeneur du dimanche sur le chemin creux. Rien ne se livre d’un coup – et c’est tant mieux.

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