20/05/2025

Explorer autrement les villages de caractère du Morbihan

Un village classé parmi les plus beaux de France : L’exception Rochefort-en-Terre

Ce n’est pas un hasard si Rochefort-en-Terre fait partie du très restreint club des "Plus Beaux Villages de France" – ils sont à peine 170 dans tout le pays. Rochefort-en-Terre, c’est d’abord un décor tout en dentelle de pierre, serré autour de sa place bordée de cafés et de galeries, là où les volets laissent passer la lumière du Sud breton. Le jury national s’est arrêté, comme beaucoup, sur la préservation des maisons du XVIe et XVIIe siècle, la qualité du fleurissement (et son titre de "Village préféré des Français" en 2016 sur France 2 n’a rien arrangé…). Mais ce qui frappe, c’est la vie qui y circule hors saison : on y découvre toujours un artisan d’art, un photographe, un brocanteur – comme ce «magasin de rien et de tout» sur la place. La nuit venue, les éclairages LED révèlent la magie du décor – le château, le lavoir, la chapelle Saint-Michel, les ruelles enlacées sans angles droits. On vient à Rochefort en quête de beauté, on repart avec des histoires, quelques bonnes bières locales et la certitude d’avoir touché ce que le Morbihan fait de mieux en matière de village vivant.

La Roche-Bernard : une journée entre fleuve et vieux ponts

Perchée sur un promontoire, La Roche-Bernard compte à peine 650 habitants… et plusieurs siècles de visages différents. Jadis, on venait ici pour le port fluvial, les marchands d’ardoise et le sel qui filait vers la Loire. Aujourd’hui, c’est le vieux port qui attire – pontons en bois, bateaux traditionnels amarrés comme au siècle dernier.

  • Le Port de plaisance : on y croise toujours un vieux gréement, un charpentier marin, quelques pêcheurs de bars.
  • Le Vieux Quartier : ruelles abruptes, maisons à pans de bois, escaliers secrets qui semblent mener directement à la Vilaine.
  • Le Musée de la Vilaine maritime (source : ville-larochebernard.fr) : une immersion dans la vie des marins et des charpentiers d’autrefois.
  • Le Pont du Morbihan, vestige de 1960, permet une vue saisissante sur l’estuaire – au coucher du soleil, c’est le meilleur spot.

Au hasard de la balade, une crêperie s’ouvre, un marché se déploie. L’artisanat local vibre à chaque panneau “Atelier Ouvert”. Idéal pour une escapade lente et sans programme.

Sous les pavés du centre historique d’Auray, des secrets bien gardés

Auray n’a rien d’une bourgade muséifiée. Son centre, autour de la mairie actuelle et de l’ancien hospice, bruissent de toutes les générations. Mais pour ceux qui prennent le temps, la vieille Auray dévoile des perles :

  • La Place de la République, avec ses maisons à pans de bois rescapées du XVIe siècle, dont le fameux "Logis du Présidial".
  • Le Passage Pommeraye (non, pas celui de Nantes !): un escalier discret derrière les Halles qui se glisse vers la rivière, autrefois emprunté par les sauniers et pêcheurs à pied de l’Auray.
  • Le marché du lundi matin (le plus grand de la région dit-on) : étals débordants de produits des fermes, mais aussi cabinets de curiosités, fromagers, et bières à emporter pour rejoindre le quai.

L’histoire du port transparaît dans la toponymie – «rue du Château», même si la citadelle n’existe plus, «passage du Loch»… et dans les dialogues du marché où l’on parle parfois breton, parfois gallo.

Josselin : entre château, canal, et pavés qui résonnent

Josselin est un vrai morceau de carte postale, mais sans la poussière : château féodal habité (famille de Rohan, 10 siècles de présence, visite possible), canaux bordés de pénichettes, vieilles maisons qui regardent passer les nuages.

  • Le Château de Josselin (source : site officiel du château) : avec ses trois tours médiévales, 4 000 m² de jardins et un musée de poupées qui surprend même les plus sceptiques.
  • La basilique Notre-Dame-du-Roncier : orgues monumentales, clocher à escalader les jours de ciel clair.
  • Les ruelles pavées : abritent des librairies, des artisans (verriers, potiers…) et des galeries, à l’ombre de glycines centenaires.

Ici se tiennent plusieurs animations toute l’année, dont la Fête Médiévale (deux ans sur trois) et les marchés de créateurs quand les beaux jours s’installent. Josselin, c’est l’élégance, dotée du vrai sens de l’accueil.

Saint-Goustan : un port minuscule, un monde à part à Auray

Saint-Goustan, c’est l’âme maritime d’Auray. Un port de poche, posé au fond de la ria, où les pavés racontent fourbissement de navires, commerce du vin, passage de Benjamin Franklin (eh oui, en 1776 !). La lumière y prend une densité particulière – tours, pont de pierre à quatre arches, maisons serrées autour du quai.

  • Le Pont de Saint-Goustan : à marée haute, les reflets sont dignes d’un Monet.
  • Cafés aux terrasses animées : Le Café du Port, le Galway Inn, autan(t) d’endroits pour écouter parler breton, dîner de poissons ou simplement regarder la lumière s’étioler.
  • Petits ateliers d’artisans : céramistes, peintres, tourneurs sur bois. L’adresse de «La Petite Mer» vaut le détour pour le linge et la déco inspirés de la vie portuaire.

L’hiver, sous la bruine, le port vide a un charme presque fantomatique; l’été, on y danse parfois au son d’un fest-noz ou d’un concert de jazz improvisé.

Malestroit, la perle de l’Oust

À l’écart des grandes routes, Malestroit tient son surnom de « perle de l’Oust » de sa situation au fil de l’eau, et de la douceur qu’on y ressent en toute saison. La ville fut prospère dès le Moyen Âge grâce à sa position stratégique sur le canal de Nantes à Brest ; les maisons à pans de bois et sculptées du centre témoignent d’un passé riche.

  • L’église Saint-Gilles, classée monument historique, coiffée d’un clocher tors unique dans la région.
  • Chemin de halage où vélos, promeneurs et pêcheurs se côtoient au gré des écluses – le circuit jusqu’à la chapelle de la Madelaine est un must.
  • Marché du jeudi matin et festival «Au pont du Rock» : quand la tradition sait rimer avec vitalité culturelle (source : site de la Ville de Malestroit).

L’ambiance y est décontractée, et même si l’on ne croise pas de dragon dans les rues, la magie opère à chaque détour.

Lizio, entre bric-à-brac et poésie des artisans

Difficile de faire plus atypique que Lizio, quelques centaines d’âmes, un village qui s’affiche « Des artistes et des ferrailleurs ». Ici, pas de grande place en marbre, mais un dédale de maisons basses et de jardins exubérants.

  • Le Poète ferrailleur : jardin fantastique d’installations cinétiques et colorées, ouvert toute l’année aux âmes curieuses (source : https://www.poeteferrailleur.com/), attire plus de 30 000 visiteurs par an.
  • Musée des métiers : près de 1000 outils évoquant les gestes d’autrefois, dans une chapelle reconvertie.
  • Festival d’artisians et marchés de potiers, rites estivaux où tout le village vibre au rythme des créations et des bidouilles mécaniques.

Prévoyez une matinée pour fouiner, entre échoppes créatives et sentiers secrets – ici c’est le bric-à-brac qui fait toute la poésie.

Locronan : un joyau à la frontière du Morbihan

Oui, Locronan se situe aux portes du Finistère (mais à la frontière immédiate du Morbihan), et demeure une escale incontournable pour qui veut saisir l’âme des pierres celtes et la puissance tranquille d’une cité drapière médiévale.

  • Grande place pavée entourée de demeures en granit classées aux Monuments historiques, telle la Maison des Tycoz.
  • Église Saint-Ronan : chef-d’œuvre gothique du XVe siècle, cœur des fameuses Troménies – processions uniques en Bretagne (source : https://www.locronan.fr/).
  • Balade du Bois de la montagne : panorama sur la baie de Douarnenez, accessible à pied depuis le village.

Il faut arriver tôt pour sentir la cité respirer, avant la foule – la lumière et le silence y sont alors magiques.

Villages méconnus et détours qui valent le coup

Sortir des sentiers battus réserve toujours de belles surprises dans le Morbihan. Quelques noms glanés au hasard d’une rando ou d’une discussion :

  • Le Gorvello : minuscule bourg partagé entre Theix-Noyalo et Sulniac, abrite l’une des dernières églises rurales au toit de chaume (Saint-Jean-Baptiste) et des ateliers de potiers renommés.
  • Lanvaudan : préservé par son relatif isolement, ses maisons blanches à toiture d’ardoise hébergent artisans et antiquaires.
  • Saint-Cado : hameau sur une île de la Ria d’Étel, célèbre pour sa chapelle et sa « maison de pêcheur » émergeant de l’eau à marée haute (source : https://www.etel-tourisme.com/).
  • Pluherlin: village fleuri, labellisé «Petite Cité de Caractère», apprécié pour ses chemins de randonnée vers l’Arz et ses marchés animés l’été.

Autant de villages à explorer par temps de brume ou de grand beau, le meilleur guide étant souvent le hasard d’une route secondaire.

Le calendrier idéal : quelle saison pour quels villages ?

Le Morbihan révèle ses villages différemment selon la saison :

  • Printemps: Floraison des marchés, festivals de musique et expositions, villages moins fréquentés, ambiances lumineuses (mars à mai).
  • Été: Tous les cafés et ateliers ouverts, marchés nocturnes, fêtes de villages, mais aussi foule – à privilégier tôt le matin ou tard le soir (juin à août).
  • Automne: Explosion des couleurs côté forêt et rivières, ambiance paisible, produits du terroir à l’honneur sur les marchés (septembre-octobre).
  • Hiver: Villages presque déserts, ambiance introspective, marchés de Noël à Rochefort ou Malestroit, balades idéales pour respirer loin des cars touristiques (novembre à février).

Se renseigner sur les jours de marché et les fêtes locales : elles changent parfois tous les ans au gré des bénévoles (source : offices de tourisme locaux).

En terres de villages sans voiture : mode d’emploi

Explorer le Morbihan sans voiture, c’est possible – parfois même plus agréable. Quelques astuces à connaître :

  • TER : Les axes Auray–Vannes–Questembert–Redon permettent d’atteindre plusieurs bourgs facilement (source : SNCF).
  • Cyclo-routes et voies vertes : la Vélodyssée et les halages de l’Oust, sécurisés pour vélos, relient Malestroit, Josselin, Rohan…
  • Lignes de bus BreizhGo : relient les «Petites Cités de Caractère» entre elles… mais attention, horaires parfois réduits hors saison.
  • Bateaux-bus : sur le Golfe, on peut rejoindre Saint-Goustan ou l’île de Saint-Cado en navette maritime.

À noter : certains festivals ou marchés proposent des navettes gratuites, et la location de vélos électriques se démocratise jusque dans les plus petits villages.

Où commence le vrai Morbihan ?

Dans chaque village évoqué, il y a bien plus que des maisons anciennes : c’est la vie du territoire qui y trouve son rythme. Ici, on prend le temps de saluer le boulanger, de s’arrêter devant l’affiche du prochain fest-noz, de discuter avec une artisane derrière la vitrine. Les villages du Morbihan, ce n’est pas un patrimoine figé, c’est une invitation discrète : ralentir, regarder, humer, parler. Et revenir, parce que le prochain détour sera différent, à coup sûr.

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