13/09/2025

Secrets et lumières de la vallée du Blavet : escapade entre landes, pierres et petites mains

Le Blavet : une rivière qui façonne le Morbihan

Difficile d’imaginer le Morbihan sans le Blavet. Cette rivière tranquille et parfois secrète serpente sur 148 kilomètres, du lac de Guerlédan, à la lisière du Centre-Bretagne, jusqu’au port d’Hennebont où elle finit par s’offrir à la mer (source : Géobreizh). Entre deux, elle a forgé une vallée singulière, sinueuse, verte, sauvage parfois, qui marque les paysages mais aussi la vie des villages de Saint-Nicolas-des-Eaux à Pontivy en passant par Pluméliau, Baud, Inzinzac, Languidic ou Locminé.

Suivre le Blavet, ce n’est pas choisir la voie la plus touristique. C’est s’accorder du temps pour voir le Morbihan autrement, dans ses replis et ses respirations, ses creux habités, ses repaires de pêcheurs. On y cueille l’ombre des sous-bois, l’éclat des chapelles, le reflet des moulins et la voix des habitants croisés sur un marché du mercredi matin.

Randonnées et sentiers : marcher au rythme de l’eau et des hauteurs

La meilleure façon d’apprivoiser la vallée du Blavet, c’est encore de l’arpenter à pied. De la « voie verte » entre Pontivy et Hennebont aux vieux chemins de halage, chaque halte réserve une ambiance. Quelques parcours, testés et ressentis :

  • Saint-Nicolas-des-Eaux : Jolie boucle (environ 10 km) longeant les berges, traversant la chapelle et le pont, puis montant vers le Bois de Kéroual. Idéal par matin calme pour observer cormorans, hérons, martins-pêcheurs.
  • De Bieuzy à Melrand : Chemin escarpé parfois, mais des vues spectaculaires sur des chaos rocheux du Blavet (notamment le site de Castennec). Incontournable : l’ermitage Saint-Gildas, littéralement encastré sous le rocher. Selon une légende locale, on y entendrait parfois le clapotis d’une eau miraculeuse (source : Office de Tourisme Baud Communauté).
  • Les landes de Lanvaux : Ici, la rivière s’en écarte un peu, mais le sentier GR®38 plonge dans les landes et les forêts de pins. Silence, odeur de bruyère et de genêt, surprise des menhirs et mottes féodales oubliées.
  • Le halage entre Pontivy et Saint-Barthélemy : Pour les vélos et poussettes, c’est royal : chemin rectiligne, passerelles sur le Blavet, pont-levis encore en action. Pause pique-nique possible à l’ombre des platanes centenaires.

Au total, plus de 200 km de sentiers sont balisés autour du Blavet, tous niveaux confondus (source : Morbihan Tourisme).

Chapelles, villages et pierres levées : le patrimoine comme un fil rouge

Pour la discrétion, la vallée du Blavet n’a pas d’égal. Ici, pas de cathédrales tonitruantes, mais des joyaux minuscules cachés entre une grange et un bouquet de chênes. Quelques pépites à guetter :

  • La chapelle Saint-Gildas (Bieuzy-les-Eaux) : L’un des sites les plus surprenants du Morbihan : adossée littéralement à une barre rocheuse, il paraît que ce coin fut refuge de saints celtes au VI siècle. Autour, légendes locales et table de granit où l’on pique-nique en douce.
  • Melrand, le village de l’an mil : Reconstitution archéologique unique en Bretagne, labellisée Monument Historique : on découvre la vie rurale bretonne au Moyen Âge, toitures de chaume et longères. En été, artisans et conteurs. (source : Vivier du Patrimoine, Melrand)
  • Le château de Rimaison : Ruines romantiques perdues sur la hauteur. Belle occasion d’apprendre que le site fut, autrefois, château fort, puis manoir, puis la proie d’un incendie en 1921. Aujourd’hui, il reste les ogives et la perspective sur la vallée.
  • Saint-Barthélemy, Locmeltro : Petite chapelle toute simple, mais couverte d’ex-voto et de cloches offertes par des marins : chaque été, une fête champêtre fait revivre ces lieux oubliés.
  • Les menhirs de Castennec : Deux pierres dressées, peu visibles mais auréolées de mystères, à la croisée des chemins forestiers. Plaisir particulier à s’y retrouver seul(e) au coucher du soleil.

On parle ici d’un patrimoine modeste mais dense : plus de trente chapelles sont répertoriées sur la vallée, la plupart ouvertes l’été lors des « Nuits des Chapelles » (source : Association Les Nuits Scintillantes).

Les villes : Pontivy, Hennebont et la vie locale, sans folklore

Deux pôles se font face, à chaque extrémité de la vallée : d’un côté, Pontivy, un peu secrète elle aussi, traversée par deux canaux, la rencontre du Blavet et du canal de Nantes à Brest. Grosse bourgade de 14 000 habitants (source INSEE, 2021), elle attire pour son château des Rohan, massifs et austères, construit dès le XV siècle, et pour son plan napoléonien à angle droit, trace d’un rêve impérial… raté. Ici, les marchés, les festivals (comme le Kan ar Bobl, chaque printemps) et les librairies indépendantes gardent la ville éveillée toute l’année. Les cafés du centre (Au Rohan, la Chouette, Paillettes…) vivent vraiment hors saison touristique.

À l’autre bout, Hennebont : réputée pour son haras national et ses remparts du Moyen Âge (remplis de légendes et d’histoires tragiques). Le marché du jeudi, l’un des plus vivants du département (plus de 250 exposants selon la mairie), rassemble fromagers du Centre-Bretagne, crêpières du littoral, maraîchers bio, poissonniers du Blavet et camelots de tout poil. Le quartier de la vieille ville, compact, mérite qu’on s’y égare un samedi matin.

Entre les deux : Locminé, Baud ou Pluméliau vivent au rythme des associations locales, des bistrots ré-ouverts par de jeunes exilés urbains, et des fêtes de quartier sans chichi.

Rivières vivantes : baignade, pêche et canoë

Le Blavet, ce n’est pas que de la contemplation. Guettez les journées d’été où le soleil perce entre deux grains : plusieurs sites sont réputés pour la baignade ou le canoë, notamment :

  • Base de plein air de Saint-Nicolas-des-Eaux : Location de canoës, paddle, pédalos. Plan d’eau sécurisé, snack caché dans la verdure. Le plus : baignade surveillée en été, et tables de pique-nique sous les chênes.
  • Lac de Guerlédan : À l’amont du Blavet : plus grand lac artificiel de Bretagne (12 km de long, source : EDF Bretagne), réputé pour ses criques de sable, ses sentiers, sa longue histoire d’anciens villages immergés. On y croise parfois le club d’aviron de Mur-de-Bretagne.
  • Pêche : Le Blavet compte 37 espèces de poissons, dont brochets, sandres, anguilles et perches ; pêche à la mouche réputée sur la partie amont (coordonnée par la Fédération départementale de pêche du Morbihan). Les pêcheurs du coin respectent énormément les rives : déchets quasiment absents, et bonne entente avec cyclistes et randonneurs.

À noter : la qualité de l’eau est contrôlée régulièrement (résultats : Agence de l’Eau, la note est stable à « bonne » ou « très bonne » sur tout le tronçon amont).

À table ! Bons coins pour manger et grignoter

Ici, pas besoin de restaurants étoilés pour se régaler. On retient des adresses sincères où l’on mange souvent local, parfois bio, et toujours simple :

  • La crêperie du Blavet (Saint-Nicolas-des-Eaux) : fèves de sarrasin de la vallée, caramel maison, jus de pomme local. Terrasse imbattable en soirée.
  • L’auberge du Château (Baud) : menu du marché, produits de la ferme, spécialité « far aux pruneaux et cidre ».
  • Chez Émile (Hennebont) : authentique bistrot de port, sandwichs aux rillettes, soupe du matin et ouvrier qui discute rugby.
  • Les marchés : Le mercredi matin à Pontivy, le jeudi à Hennebont, samedi à Melrand et Pluméliau. Lieu idéal pour rencontrer artisans boulangers, vendeurs de miel ou de cidre (producteurs cités dans l’annuaire régional).

Entre deux mondes : légendes et histoires du Blavet

Loin d’être figée, la vallée du Blavet a toujours été traversée d’histoires. Ici, on raconte que des korrigans continuent de hanter certaines landes, que le Blavet charrie des lueurs étranges à la tombée du jour.

  • Selon la tradition, la nuit de la Saint-Jean, les anciens de Bieuzy plaçaient des œufs de poule sous les menhirs pour attirer la chance (entendu auprès de l’association Korrigane du pays de Baud).
  • Le pont de Saint-Nicolas-des-Eaux aurait été bâti par le Diable en personne, qui, une nuit, aurait emporté la première âme ayant traversé l’ouvrage (source : Contes populaires du Morbihan, C.Martin, éd. War-Wenn).
  • Le Blavet a aussi été la frontière (plus d’une fois) entre royaumes de Bretagne et Francie, puis entre diocèses de Vannes et de Quimper.

Préparer sa visite et loger au calme

Le meilleur de la vallée, c’est souvent que l’on n’y vient pas en troupeau. L’hébergement se fait à l’ancienne :

  • gîtes paysans à Melrand ou Pluméliau (plus de 150 sont recensés sur la vallée côté Morbihan, sources : Gîtes de France, Clévacances),
  • maisons d’amis rénovées à Saint-Nicolas-des-Eaux,
  • quelques chambres d’hôtes dans le bourg de Baud ou à Castennec,
  • et même une roulotte tinée au bord du Blavet en contrebas d’Inzinzac (testé incognito : lever du jour sur les pêcheurs et la brume, rien de mieux).

Il est aussi possible de bivouaquer discrètement près d’un site mégalithique ou sur le sentier de halage (demander l’accord du propriétaire ou de la mairie, beaucoup jouent le jeu hors haute saison).

Passerelles, vie quotidienne et autres petits bonheurs

S’il fallait retenir quelques expériences pour ressentir vraiment la vallée du Blavet :

  • Grimper sur la passerelle suspendue de Manéguen (construite en 1934, 60 mètres de long ; voir les détails sur le site de la mairie de Languidic), sentir le balancement sous les pas, se croire un peu au Canada.
  • Entrer dans une forge à Pluméliau, discuter avec un coutelier ou un ferronnier local : plus de 33 artisans d’art installés dans la vallée (chiffre 2023, source : Chambre des Métiers 56).
  • Assister à une régate de rivières en septembre, quand toute la vallée résonne du bruit des rires, des chants bretons et des pagaies.
  • Observer un soir de juillet, sur les quais de Pontivy ou d’Hennebont, la lumière raser les flots — ce fameux moment entre chien et loup où les villes se taisent.

Une vallée à partager autrement

Autour du Blavet, on comprend vite que le patrimoine ce n’est pas qu’une histoire de pierres ou de rivières : c’est surtout une façon d’habiter et de regarder. Ici, tout se goûte en prenant son temps — marcher près de l’eau, s’asseoir sous un menhir, pique-niquer au bout du pont, discuter avec la boulangère du coin. La vallée du Blavet invite à ralentir, et à s’attacher plus aux détails qu’aux grandes attractions. À bon entendeur, ceux qui préfèrent éviter les aller-retour entre parkings et panneaux explicatifs y trouveront leur compte.

Pour des infos actualisées sur la vallée du Blavet : Morbihan Tourisme (lien), Office de Tourisme du Pays de Pontivy et Baud Communauté (lien).

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