24/07/2025

Par où commencer pour explorer les coins secrets de la presqu’île de Rhuys ?

Sentiers oubliés : marcher sans croiser le flot

À Rhuys, la mer semble partout, mais ce sont les chemins côtiers confidentiels et les allées sylvestres qu’on retient longtemps. Hors saison, certains tronçons désertés du sentier des douaniers (GR34) valent le détour :

  • Le tronçon Saint-Gildas–Kernoël : Ici, la lande rase plonge dans l’écume et les blockhaus se fissurent lentement. On est à quelques mètres de l’océan, mais pas une trace de béton ou de baraques à touristes. On croise parfois une vieille chapelle engloutie par la brume, comme celle de Saint-Gildas, pourtant occupée depuis le VIe siècle (source : Wikipedia).
  • Le bois de Kérandré et l’étang du Brillac : Peu connu des guides, ce bois tapissé de fougères camoufle un petit plan d’eau où viennent nicher hérons et avocettes. On s’y perd facilement, et c’est tant mieux.
  • Le sentier des marais de Suscinio : Au lieu de l’incontournable tour du château, l’arrière-pays de Suscinio offre des kilomètres de prairies salées, gagnées sur l’ancienne mer, où les cigognes et les rapaces se disputent la silhouette du ciel.

À noter : sur l’ensemble de ses 40 km de sentiers balisés, Rhuys compte de nombreux chemins non répertoriés (Source : Office de tourisme Golfe du Morbihan - Vannes), qu’on découvre souvent en échangeant avec les habitants, notamment lors des rassemblements du samedi le long de la presqu’île.

Les petites îles presqu’oubliées du golfe côté Rhuys

À marée basse, la presqu’île révèle des îlots accessibles à pied ou en bateau selon la saison. Autant de promesses d’aventures minuscules, qui font la joie des initiés :

  • L’île Tascon : On y accède à pied sec sur une chaussée de galets (attention, la mer remonte vite, il faut bien contrôler les horaires ; Source : Mairie de Saint-Armel). Quelques clairières, des prairies fleuries, un chapelet de vasières où s’affaire la vie, et presque pas de visiteurs hors juillet-août.
  • Le passage vers l’île Govihan : Visible depuis Saint-Armel, ce petit ilot privé, visible surtout à marée basse, offre une vue splendide sur toute la rive nord de Rhuys.
  • Le banc des Bernaches : Plus pour les ornithologues ou les Courageux en kayak que pour les promeneurs : ce banc de sable isolé sert de halte migratoire à des milliers d’oiseaux marins chaque année (Source : Bretagne Vivante).

La montée dans ces îlots exige prudence et respect – pas question de bousculer les colonies d’oiseaux ou de laisser la moindre trace. Mais la sensation d’avoir tout un pan du golfe pour soi vaut largement l’organisation marée.

Rencontres et savoir-faire : l’envers discret des artisans de Rhuys

Rhuys bourdonne d’artisans et de producteurs qui font, à leur échelle, la richesse du territoire. Hors des boutiques bien en vue, il existe tout un réseau de créateurs, de fermes et d’ateliers qui travaillent dans l’ombre. Quelques exemples marquants :

  • La Maison Beucher, à Arzon, fabrique depuis 1929 des sabots traditionnels. Aujourd’hui, elle crée des modèles sur mesure, du sabot de cérémonie au sabot de jardin, avec des essences de châtaignier ou d’aulne ramassées localement (Source : Maison Beucher, témoignages locaux).
  • Les Jardins de Rhuys : une exploitation en permaculture à Saint-Gildas, où l’on peut réserver des paniers de légumes ou apprendre à faire son compost lors d’ateliers ouverts (voir lesjardinsderhuys.fr).
  • L’atelier Lemetais, céramiste à Saint-Jacques, façonne des pièces en grès inspirées par les galets et la mer.

Certaines de ces adresses ne figurent pas sur internet : il faut parfois demander au marché de Sarzeau (le jeudi matin), ou écouter la radio associative locale (Radio Bro Gwened) pour glaner infos, vernissages, ouvertures éphémères.

Plages confidentielles et criques à l’abri des regards

Rhuys aligne 60 kilomètres de côtes, dont une bonne partie échappe aux foules. Loin des parkings bitumés et des bars à smoothies, ces lieux offrent quelques heures de parenthèse totale.

  • La plage du Goh Velin à Saint-Gildas : Un peu plus encaissée, accessible par un sentier sinueux à travers les pins, elle attire plutôt les connaisseurs et les familles locales.
  • La crique de Kercambre : Pas de panneau, mais quelques marches taillées dans la roche après le hameau de Brillac. Sable blond, quelques rochers chauffés – parfait pour buller au soleil sans public.
  • Le trou aux biches : Entre susurrations et bouche-à-oreille, ce « trou » désigne en fait une anse sauvage entre Penvins et Suscinio. Difficulté d’accès = tranquillité garantie.

Pour les plus matinaux, c’est ici qu’on goûte le meilleur lever de soleil sur l’Atlantique, avec les reflets dorés sur la houle.

Chapelles, landes et patrimoines oubliés

Au détour d’un bosquet ou sur la crête d’une dune, Rhuys tient un stock de chapelles et de mégalithes qui échappent à l’agitation estivale.

  • La chapelle Saint-Colomban (entre Sarzeau et Le Hézo) : dressée face aux vents, elle abrite chaque lundi de Pâques une procession confidentielle, où la liturgie bretonne côtoie la galette-saucisse partagée.
  • Le menhir du Bonnet Rouge : Facile à manquer, dans un champ près de Penvins, ce bloc de quartz rose pèse plus de 7 tonnes et daterait du Néolithique (Source : Inventaire général du patrimoine culturel, Région Bretagne).
  • Le Vivier de Banastère : curiosité du XIXe siècle, cette installation étrange sur l’étang de Banastère permettait le stockage des huîtres pour l’ensemencement. On en devine l’architecture en marchant côté nord du pont.

Prenez le temps de scruter les calvaires, fontaines et granges à pan de bois disséminées entre Arzon, Brillac et Le Hézo. Certaines portent encore les marques laissées par les paroissiens depuis des siècles.

Manger et boire hors des sentiers (et parfois hors carte)

Découvrir Rhuys, c’est aussi adopter ses pauses gourmandes. On n’évoquera pas ici les tables étoilées, mais bien les recoins où l’on attrape une galette, une huître ou un verre avec le sentiment de manger « comme les gens du coin ».

  • Les cabanes à huîtres de la pointe de Penvins : Des petites baraques montent les tréteaux et les bancs à même la digue de mai à septembre. La douzaine d’huîtres sort tout droit du vivier, à accompagner d’un verre de blanc local (IGP Val de Loire, très présent).
  • Café du port de Logeo : Moins scénographique que ses cousins du golfe, ce rade ouvre encore tôt, fait causer les pêcheurs et propose parfois des concerts impromptus.
  • La crêperie du Relais de la Côte à Saint-Jacques : Amateurs de blé noir pur, passez la porte. Ici, on sert la galette dans une vaisselle dépareillée, sous des photos anciennes du village.

À noter : plusieurs communes de Rhuys sont engagées dans le réseau « Café de Pays » (source : Pays Touristique Golfe du Morbihan – Vannes). Ambiance garantie.

Évènements secrets, fêtes et coutumes confidentielles

Le calendrier de Rhuys recèle quelques perles, côté traditions vivantes :

  • Le fest-noz de Brillac : Non affiché dans les guides, il réunit chaque année musiciens, danseurs et familles sur le parquet monté dans la salle des fêtes, au cœur de la lande.
  • La Fête du Moule à Logeo : En juillet, la criée laisse place à une grande fête populaire autour d’un concours de cuisine… et de la dégustation du mollusque, bien sûr.
  • Rando Contes entre Penvins et Suscinio : Marche, histoires et veillées à la bougie dans des points isolés de la presqu’île. Une initiative unique portée par l’association « Rhuys Bretagne Contes » (source : agenda municipal).

Une invitation à pousser la porte…

La presqu’île de Rhuys ne s’offre pas d’un bloc, mais par fragments, à qui sait rester curieux et discret. Ce n’est jamais la course à la plus belle photo : ici on avance doucement, on tend l’oreille. Les vrais secrets ne sont pas toujours cloisonnés, pas toujours accessibles sans un mot échangé ou un détour imprévu. En refermant le carnet, n’hésitez pas à aborder les habitants, tester les marchés, participer à une fête confidentielle : Rhuys se dévoile à ceux qui la respectent.

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