05/07/2025

Arpenter les villages de caractère du Morbihan : la liberté sans voiture

Marcher, pédaler, embarquer : petite géographie de la mobilité douce en Morbihan

Le Morbihan n’aime pas qu’on le traverse au pas de charge. Et c’est heureux : ici, la lenteur n’est pas une punition, c’est une chance. Entre les presqu’îles, les rias qui s’invitent partout, les bourgs perchés et les forêts profondes, le territoire encourage naturellement à lâcher la pédale automobile. Pourtant, à première vue, explorer ses villages de caractère sans voiture pourrait sembler un défi. Il n’en est rien. Avec un soupçon d’organisation et l’envie d’aller au rythme des vents et des cloches, les alternatives ne manquent pas.

Pourquoi laisser la voiture ? Petite confidence de villageois

Il y a bien sûr le plaisir de voyager léger, l’impact écologique (le secteur des transports représente environ 30% des émissions de gaz à effet de serre en Bretagne, source : DREAL Bretagne, 2022), et la volonté de découvrir l’inconnu derrière la carte postale. Mais surtout, poser la voiture, c’est retrouver le Morbihan comme il se vit : à hauteur de regards et de discussions, avec le temps de s’arrêter partout où ça chante, ça fume ou ça sent la marée. C’est redécouvrir que dix kilomètres à pied, c’est mille détails qu’on aurait ratés en voiture.

Villages de caractère : une identité, des chemins secrets

Ils s’appellent Rochefort-en-Terre, La Gacilly, Josselin, Le Gorvello, Saint-Goustan (Auray), Questembert… Labelisés « Petites Cités de Caractère » ou simplement jalousement préservés par leurs habitants, ces villages rassemblent un patrimoine bâti exceptionnel : maisons à pans de bois, chapelles cachées, places où résonne l’accent d’ici. Visiter leurs ruelles n’a rien d’un circuit balisé. La mobilité douce y prend tout son sens : plusieurs de ces villages sont interdits ou restreints aux voitures dans leur centre, et la plupart proposent de beaux itinéraires de randonnées partant de la gare ou de l’arrêt de bus le plus proche.

En train : le Morbihan à portée de rails

Certains villages de caractère sont desservis (presque) directement par le train. Voici quelques repères :

  • Auray : un nœud ferroviaire historique, accessible en TGV depuis Paris (3h), Rennes ou Nantes. Depuis la gare, le pittoresque port de Saint-Goustan est à une agréable demi-heure à pied, alternant bords de Loc’h et venelles fleuries.
  • Josselin : pas de train, mais Ploërmel n’est qu’à 15 km en bus ligne BreizhGo (51 depuis Vannes ou Rennes). Un système de vélos électriques associatifs existe à Ploërmel (Véloïtude).
  • Questembert : gare estivale pour le TER Vannes-Nantes. Le centre historique est accessible à pied (1,5 km), sinon vélos électriques en location à la gare.

BON À SAVOIR : Le Morbihan, comme le reste de la Bretagne, bénéficie de la tarification BreizhGo pour les TER : 5€ le trajet unique sur tout le réseau les samedis, dimanches et jours fériés (source : Région Bretagne).

Les bus BreizhGo : alliés du quotidien et des flâneurs

On connaît mal le réseau BreizhGo en dehors des écoliers. Il dessert en réalité une grande partie des villages, souvent plusieurs fois par jour en période scolaire, et au moins une fois le samedi. Des exemples :

  • Rochefort-en-Terre : desservi par la ligne 9 (Vannes-Redon). L’arrêt « Rochefort-en-Terre / Place Saint-Michel » laisse à deux pas des remparts et du bourg.
  • La Gacilly : lignes 21 et 24 depuis Redon, ce qui permet de combiner train et car, particulièrement pratique lors du Festival Photo l’été (près de 400 000 visiteurs en 2023 selon Ouest-France).
  • Le Faouët : Accessible via la ligne 18 (Lorient - Gourin), idéal pour aller voir la halle du XVe siècle et les chapelles remarquables.

Certaines lignes raccordent même avec les ferries pour les îles ou la presqu’île de Rhuys, notamment depuis Vannes et Auray.

Conseil local : tous les horaires sont en ligne, mais, en cas de doute, le café du coin fait office d’office du tourisme : toujours demander confirmation, les bus apprécient parfois l’imprévu.

Le vélo : compagnon idéal des détours

À vélo, on gagne la liberté du choix. Le Morbihan, loin d’être plat partout, propose tout de même de jolis itinéraires adaptés à tous niveaux. Près de 450 km de voies vertes sillonnent le département, dont l’ex-voies ferrées et chemins de halage, parfaits pour explorer autrement (Département du Morbihan).

  • Voie verte V3 : relie Questembert à Mauron, passant non loin de Malestroit et Ploërmel. Parfaite pour les familles.
  • Vélodyssée : la grande traversée bretonne, qui frôle les marais de Séné, les petits ports et la Baie de Quiberon.
  • Le Canal de Nantes à Brest : un classique : s’offrir le bourg de Malestroit puis redescendre vers La Gacilly par les petites routes, le long de l’Oust.

On trouve désormais facilement des loueurs de vélos classiques ou électriques dans les gares ou les bourgs : par exemple, Véloc’ouest (Auray, Carnac, Quiberon), Cycles Landry (Vannes) ou KerVTT (Ploërmel). Les prix vont de 14€ à 30€/jour suivant le type de vélo – réservation conseillée à la haute saison.

Astuce village

Quand on arrive à vélo dans un village de caractère, un réflexe à adopter : viser les marchés. On y croise souvent des stands associatifs tenant des infos sur les itinéraires locaux, les dégustations du jour, et on repart souvent avec l’adresse d’une prochaine fête de quartier.

Marcher : la gabare invisible

Le Morbihan aime la marche à tel point qu’il affiche plus de 9000 km de sentiers balisés, d’après le CDRP 56 (Comité Départemental de la Randonnée Pédestre). Certains villages de caractère se traversent de préférence à pied, pour découvrir ce qui se niche autour :

  • Le Tour du Golfe du Morbihan : GR34 et GRP, passent par Arradon, Vannes, Le Bono, Locmariaquer : chemin direct pour goûter à l’esprit village, de port en port.
  • Rochefort-en-Terre et Malansac : le sentier des Landes, qui flirte avec les chaos rocheux et landes fleuries, parfait au printemps.
  • Le Faouët : randonnées autour des chapelles Saint-Fiacre ou Sainte-Barbe, bijoux d’architecture perchés sur des promontoires secrets.

Des topo-guides existent, publiés par le Département, souvent disponibles dans les offices de tourisme et même chez certains boulangers. Sur le terrain, les balises blanches et rouges guident aussi bien que les boussoles anciennes.

Partager la route : covoiturage et stop organisé

Ce n’est pas encore la Californie, mais en Morbihan, le covoiturage devient doucement une seconde nature. Plateformes comme OuestGo regroupent habitants et vacanciers pour mutualiser les trajets, notamment pour les dessertes éloignées. Les mairies, elles, installent des « arrêts sur le pouce » : panneaux jaunes où l’on attend avec détente un conducteur solidaire. Entre deux cars ou pour rejoindre la prochaine balade, rien n’empêche de tenter la rencontre : le Morbihan est généreux d’inattendu.

Inventer sa traversée : villages & idées de circuits

Itinéraire nord : Josselin – Malestroit – La Gacilly

  • Arrivée à Ploërmel en bus ou train (ou par Vannes)
  • Location d’un vélo électrique ou classique à Ploërmel
  • Direction Josselin (16 km) par la V3, visite du château et du centre-ville (petits musées, crêperies)
  • Piste cyclable jusqu’à Malestroit (14 km, étape sur le canal)
  • Petit détour : marché du samedi matin à Malestroit, galettes fraîches et produits locaux
  • Piste verte de Malestroit à La Gacilly (18 km, passage par les bois), arrivée à La Gacilly, halte à la Maison Yves Rocher ou balade photo
  • Retour possible en bus BreizhGo vers Redon ou Ploërmel

Itinéraire sud : Auray – Le Bono – Saint-Goustan

  • Arrivée en train à Auray
  • Marche de la gare au port de Saint-Goustan (2,5 km, via le vieux centre, ruelles médiévales)
  • Chemin balisé vers Le Bono (6 km par le chemin de halage, site remarquable du vieux pont suspendu)
  • Possibilité de rejoindre Locmariaquer (navette estivale ou vélo, 12 km), étape au marché du vendredi

Itinéraire estival : Vannes – Séné – Presqu’île de Rhuys

  • Arrivée en train à Vannes
  • Vélo ou bus BreizhGo jusqu’à Séné (marché pittoresque, Réserve naturelle)
  • Continuer vers Saint-Armel, Sarzeau et les petits villages côtiers de la presqu’île
  • Ferry possible en été entre Port-Navalo et Locmariaquer (source : Compagnie Navix), pour une boucle inoubliable entre villages du golfe

Informations et ressources pratiques

  • Cartes interactives & horaires TER/BreizhGo : www.breizhgo.bzh
  • Locations vélos : Dispos en gares et offices de tourisme, en haute saison réserver (voir les sites cités plus haut)
  • Événements locaux : Les marchés ont souvent lieu le week-end, consulter morbihan.fr
  • Hébergements accueillant les cyclistes : Label « Accueil Vélo », voir France Vélo Tourisme
  • Randonnées : Topo-guides CDRP 56, disponibles en librairies & offices de tourisme

L’essentiel en partage : vivre le Morbihan intensément

Voyager sans voiture dans les villages de caractère du Morbihan, ce n’est pas qu’un choix de déplacement, c’est une façon d’habiter l’instant, de croiser ceux qui vivent ici toute l’année, de comprendre pourquoi ces bourgs, à force d’être prisés, savent encore rester vrais. En s'ouvrant à la marche, au vélo ou à l’échange d’un covoiturage, chacun devient un peu complice du rythme local. Les haltes deviennent des rencontres ; les détours, des découvertes. Et l’on repart, parfois pour mieux revenir, avec un autre regard sur ce territoire de petites surprises et de grandes fiertés.

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