01/08/2025

Cheminer au bord des falaises dorées : Balades côtières autour de Pénestin

La Mine d’Or : le trait d’union entre la terre et l’océan

Impossible d’évoquer les sentiers autour de Pénestin sans commencer par la section la plus spectaculaire : les falaises de la Mine d’Or. C’est le genre de paysage qu’on ne soupçonnerait pas en Bretagne, un air de Far West breton, puissamment coloré. Le jaune doré de ces falaises est dû à leur richesse en limons ferrugineux et oxydés (source : Géologie Alerte).

  • Départ conseillé : Parking de la plage de la Mine d’Or, au sud-ouest du bourg de Pénestin.
  • Distance : Environ 4 km jusqu’à la Pointe du Bile (aller simple).

Il y a quelque chose de magnétique à progresser le long de la falaise, surtout au coucher du soleil, quand les strates rocheuses semblent s’enflammer. Certains viennent ici pour prendre la mesure du temps géologique : ces falaises se sont formées il y a plus d'un million d’années. D’autres filent vers le sud, sur les traces des chercheurs d’or qui ont donné son nom à la plage – car, oui, on a extrait ici de la poudre d’or jusque dans les années 1950. Les traces ont disparu, la poésie reste.

La grande boucle du GR®34 : du Bile à la Pointe du Halguen

Le GR®34, ou sentier des Douaniers, traverse Pénestin et offre l’une des portions les plus gracieuses de Bretagne sud (source Commune de Pénestin). Les marcheurs aguerris aiment enchaîner la totalité de la boucle côté mer : une quinzaine de kilomètres qui dévoile, bourg après bourg, la diversité des visages du littoral.

  1. Du Haut-Pénestin à la pointe du Halguen : Passez par la plage de Loscolo. On y sent l’odeur des pins maritimes et la brise salée. Site encore peu couru, idéal pour croiser des pêcheurs à pied et observer les parcs à moules (la mytiliculture fait vivre la commune : près de 10 000 tonnes de moules de bouchot produites chaque année dans la baie du Vilaine, source France Bleu).
  2. De la Plage du Lomer par la Corniche : Passage obligé par le sentier escarpé, où la vue bascule tour à tour sur les falaises et les parcs ostréicoles à perte de vue. L’été, on croise parfois des busards cendrés ou quelques hérons, l’endroit étant classé zone Natura 2000 pour ses habitats d’intérêt communautaire.
  3. Final à la Pointe du Halguen : Arrivée odorante, ronce et embruns mêlés, sur cet éperon rocheux d’où l’on aperçoit parfois, à marée basse, le trait sombre de l’estuaire de la Vilaine.

Détail pratique : le GR®34 est balisé en rouge et blanc. Attention par endroits aux passages étroits en haut de falaise ; privilégiez la prudence par temps de pluie, la roche peut être glissante.

Sentiers oubliés : criques, vieilles maisons et jardins bord de mer

Pénestin ne se limite pas à la carte postale de la Mine d’Or. En s’éloignant un peu des « grands » sentiers, on attrape des sentes dissimulées dans la végétation ou des chemins de traverse utilisés par les riverains. Certains mènent à des criques peu connues, tel le chemin reliant la plage de Poudrantais à celle du Maresclé. Ici, aucune infrastructure visible, parfois juste un banc de bois, une vieille barque, le parfum entêtant des immortelles.

  • Le tour du Maresclé : Moins impressionnante mais plus secrète, la promenade débute à l’ancienne pointe du Lomer. On glisse alors dans une ambiance différente, presque méditerranéenne : ajoncs, sable blanc, silence. Le parcours serpente entre de minuscules maisons de pêcheurs qui n’ouvrent qu’aux grandes marées et des potagers alignés. Fréquentée par les locaux, cette boucle de 3 à 5 km permet d’observer de près la vie discrète de la communauté.
  • Poudrantais le matin, solitude garantie : Au lever du jour, les chances sont grandes de ne croiser que des pêcheurs d’orphies ou de lançons, la silhouette courbée, scrutant la ligne d’eau. Les couleurs sont alors plus subtiles, presque pastellisées par les brumes marines, et le silence impressionnant pour qui y est attentif.

La route des parcs à moules : marcher au rythme des saisons

Vérité locale : marcher à Pénestin, c’est faire l’expérience de la mytiliculture en acte. De Loscolo à la Pointe du Bile, les sentiers épousent la ligne grise et ordonnée des bouchots (piquets en chêne où s’accroche la moule), une tradition qui perdure depuis le XIXe siècle. On recense sur la commune quelque 1800 hectares de concessions maritimes, dont près de la moitié en activité pour la culture de la moule de bouchot Label Rouge (source : Comité Régional de la Conchyliculture Bretagne Sud, 2022).

À marée basse, on comprend la force du métier : des tracteurs amphibies crissent sur les galets, on entend le cliquetis des outils, le clapotis de l’eau sur les bottes. Hors saison, on sent l’iode pur et, selon le vent, un soupçon de vase. Les week-ends de septembre, c’est aussi par là qu’on croise les étals improvisés et les fameuses assiettes de moules-frites en bord de plage.

Marches particulières : enfants, mobilité et marées

La question revient souvent : ces sentiers sont-ils accessibles à tous ? Quelques repères pour choisir sa balade :

  • Pour les familles : La boucle depuis le parking de la Mine d’Or jusqu’à la plage du Bile via la corniche est praticable (un peu moins de 8 km aller-retour), peu de dénivelé, passage parfois caillouteux mais sans danger majeur. La vue sur la mer tient occupés petits et grands.
  • Pour les poussettes : Préférez la balade sur la voie verte qui relie le port à la plage de Loscolo : ancien chemin d’exploitation ostréicole, large et stabilisé.
  • Pour les personnes à mobilité réduite : La plage de la Mine d’Or propose une liaison par plancher en bois jusqu’à la zone de baignade et un tiralo en saison. Hors de cette plage, la plupart des sentiers côtiers restent étroits et difficiles d’accès, mieux vaut se renseigner auprès de l’office de tourisme.
  • Attention aux marées : Certains passages de criques sont inaccessibles à marée haute, notamment sur la portion Maresclé-Lomer. Le site du SHOM donne les horaires détaillés pour Pénestin.

Ambiances et saisons : la lumière dorée, le vent et le silence

Marcher ici, c’est goûter au rythme du climat atlantique, profondément différent selon les mois :

  • Printemps : En avril-mai, la végétation explose : genêts jaunes, aubépines en fleur. Les embruns sont plus froids, mais la fréquentation, encore paisible.
  • Été : Juillet-août, le flux de visiteurs gonfle, mais il est toujours possible de s’isoler tôt le matin ou en soirée. L’odeur des galettes cuites à la plancha, les effluves de crème solaire, la rumeur des enfants en tongs rythment la balade.
  • Automne : Le vent fraîchit, le ciel se plombe parfois, les promenades retrouvent une tonalité plus contemplative. C’est la saison préférée de ceux qui cherchent le silence, et des photographes qui attendent le rayon doré sur la falaise.
  • Hiver : Les plus courageux apprécieront des ciels d’orage magnifiques, une mer pleine de houle, et la solitude retrouvée sur les cimes des falaises. Prévoir de bonnes chaussures et une veste coupe-vent.

Infos pratiques : parking, ravitaillement, respect des lieux

  • Parkings : Plusieurs parkings gratuits (mine d’Or, plage du Bile, Loscolo). Les week-ends d'été, prévoir d'arriver tôt.
  • Toilettes : Toilettes publiques à la plage de la Mine d'Or, ouvertes en saison.
  • Ravitaillement : Quelques crêperies, bars et épiceries dans le bourg. Pour une galette ou un bol de cidre face à l’océan, demandez « Chez Nanou » : une institution locale.
  • Respect : Sentiers sensibles à l’érosion. Restez sur les chemins balisés, ne cueillez ni fleurs ni fossiles : la Mine d’Or est un site classé pour sa géologie et sa biodiversité. Les chiens tenus en laisse (chiens interdits sur certaines plages en été, vérifiez la signalétique).

Pour finir : s’ouvrir, regarder, marcher vraiment

Autour de Pénestin, la côte ne se livre jamais complètement. Il faut oser sortir du chemin principal, tenter la sente de traverse, lire les paysages en écoutant comment le vent souffle entre landes et océan, et prendre le temps de parler à ceux qui y vivent, qui ramassent les moules, qui réparent une barque ou racontent, simplement, « leur » falaise. De la Mine d’Or au Bile, du Lomer à la pointe du Halguen, chaque marche réserve son lot d’inattendus. Et c’est bien là l’essentiel : cheminer, vraiment, à sa façon.

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